Le grand jour est arrivé. Du moins, Phoenix en est sûr.

Joyce ne sait pas qu'il est à Shiku depuis quelques mois, il a bien pris soin de garder son petit secret pour faire une drôle d'impression. Immature ? Peut-être. Mais il jubile à l'idée de voir la surprise et la joie de sa sœur à leurs retrouvailles. Il a toujours aimé les surprises, qu'il s'agisse de petites attentions ou de rencontres inattendues.

Il aura juste fallu convaincre Joyce de se rendre au Parc Motisma le jour venu. Certes, mentir n'est pas une belle chose, et le jeune homme s'en veut un peu... mais comment la faire venir le jour choisi autrement ? La demoiselle s'attend à un évènement d'Halloween pour le parc, bien que celui-ci n'ait pas lui avant quelques jours encore.

Tout ce qu'il reste à faire, pour Phoenix, s'est d'arriver aux aurores et patienter au premier restaurant du parc avec un milkshake, attendant patiemment de voir apparaître au loin une chevelure blonde et des traits familiers.

En espérant qu'elle vienne vraiment...

Il se passe moins d'une heure avant que ses yeux n'aperçoivent tout seuls l'objet de son attention. Les cheveux, la taille, la démarche... il les reconnaîtrait entre mille. Et s'il n'aime pas vraiment crier ou être le centre d'attention, c'est sans hésitation qu'il hausse la voix pour appeler :

Hé ! Joyce ! Par ici !

Bras levé pour lui faire signe, il est tout sourire et meurt de hâte de voir la tête de sa frangine quand elle le reconnaîtra.
 

Il aurait dû s'y attendre... à vrai dire, il aurait été stupide et même irréaliste de s'attendre à autre chose. Évidemment, quand elle le reconnait, c'est par son ancien nom que Joyce l'appelle. Intérieurement, il se sent se recroqueviller comme un Carapuce dans sa carapace, mais garde son sourire à l'extérieur. Pas question de lui en vouloir. Son aînée ne sait rien et... s'il a voulu la voir en tête à tête, c'est aussi pour éventuellement aborder le sujet.

Mais pas de suite, l'heure est aux retrouvailles pour le moment.
Pas le temps de s'expliquer, Joyce se jette sur lui pour le prendre dans ses bras. Il est heureux, il sent son cœur se réchauffer. C'est bien la réaction qu'il espérait d'elle et il est aux anges de constater qu'elle n'a pas tant changé que ça, et surtout, qu'elle semble aller bien mieux que le jour de son départ. C'est également un peu triste de se dire qu'elle a refait sa vie sans lui, mais il faut qu'il se fasse à cette idée. Joyce et lui sont désormais tous deux des adultes, avec leur propre vie et avec les années, ils ne feront que gagner en indépendance.
Il se rassure au moins à l'idée qu'ils pourront se revoir souvent, s'ils habitent dans la même ville.

Contente de te revoir, Joyce, se force-t-il a dire.

Après Joyce, c'est un Briochien qui bondit sur le jeune homme et le couvre de léchouille. Phoenix rit, attendri.

Il est à toi ce gros bébé ? Il s'appelle comment ?

Une fois la surprise de Joyce passé, les frangins s'assoient face à face à la même table. Il est temps de répondre aux questions de Joyce, désormais.

J'ai eu mon diplôme en juin dernier et je me suis dit "pourquoi pas aller faire mes études à l'étranger" ? Puis je me suis rappelé que j'avais une certaine grande sœur à Shiku, le choix était tout fait, explique-t-il avec un grand sourire, désolé de pas t'avoir prévenu, je voulais vraiment te faire la surprise et j'étais trop occupé avec la rentrée.

Un bruissement d'ailes familier... Phoenix sait déjà quoi faire, il lève le bras et laisse Duo se poser. Le Pijako a le bec plein de churros, probablement trouvés par terre. Pas très hygiénique, mais le jeune homme ne peut pas le blâmer. La nourriture de Paldea lui manque aussi, des fois. L'oiseau avale son superbe déjeuner avant que ses yeux ne se posent sur la blonde. Il bat joyeusement des ailes et siffle.

Bonjour Joyce ! Bonjour !

Lui aussi semble content de ces retrouvailles.

Dis, Duo m'a donné envie de churros avec ses bêtises. Ça fait combien de temps que t'en as pas mangé ?
 

Les présentations sont désormais faites avec Ensa, le Briochien. Pas besoin de demander confirmation à Joyce pour faire le lien avec les ensaimadas. Dans leur famille de pâtissiers plus ou moins amateurs, on s'y connait en sucreries. Et l''estomac de Joyce en est particulièrement friand. Preuve en est, elle se laisse tenter par les churros. Phoenix s'apprête à contester et payer à sa place, avant de se souvenir de son budget serré d'étudiant. Voilà qui lui fait soudain se demander comment sa sœur gagne sa vie sur l'archipel.

Il l'écoute parler en grignotant son premier churros, dont il tronque le bout pour le donner à Duo. L'oiseau a sûrement déjà l'estomac bien rempli, mais est trop gourmand pour refuser cette attention.
Le sourire de Phoenix disparait quand Joyce évoque l'argument qui était justement censé la faire venir, les festivités d'Halloween. Le jeune homme se fait petit, et avec un sourire nerveux et un regard honteux, admet d'une petite voix aiguë qui le fait se sentir horriblement efféminé :

Non, c'était faux... je voulais juste être sûr de pas te rater... il prend son souffle, essaie de se calmer avant de ressentir davantage de sentiments négatifs, mais il y aura vraiment une parade, dans quelques jours. On pourra y aller ensemble si tu es libre.

Et si tu en as envie, manque-t-il d'ajouter. Il sait que c'est stupide, mais il ne peut s'empêcher de craindre que son mensonge blanc n'ait blessé sa frangine.